24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 18:37

Le camp d'Alassane Ouattara, le président ivoirien reconnu à l'extérieur qui exige le départ de son rival Laurent Gbagbo, a réclamé ce jeudi l'envoi d'une mission de la Cour pénale internationale pour enquêter sur des violences ayant fait 173 morts en cinq jours, selon l'ONU.

 

 

« Entre le 16 et le 21 décembre, les responsables des droits de l'homme (en Côte d'Ivoire) ont reçu des informations sur 173 meurtres, 90 cas de tortures et mauvais traitements, 471 arrestations, 24 cas de disparitions forcées ou involontaires », a affirmé ce jeudi à Genève la Haute commissaire adjointe aux droits de l'homme de l'ONU, Kyung-Wha Kang. « Cette situation s'est caractérisée par l'usage excessif de la force par les partisans de Laurent Gbagbo », a-t-elle ajouté, regrettant les restrictions de déplacement imposées au personnel de l'ONU qui l'ont empêché de vérifier des informations sur l'existence de charniers.

 

Elle s'est dite « alarmée par les violences occasionnées » depuis le second tour de la présidentielle le 28 novembre, qui a plongé le pays dans une grave crise : la victoire d'Alassane Ouattara a été prononcée par la Commission électorale et reconnue à l'étranger, mais invalidée par le Conseil constitutionnel qui a proclamé président le sortant Laurent Gbagbo.

 

A Abidjan, l'Onuci a affirmé avoir été empêchée par les forces armées loyales à Gbagbo d'enquêter sur l'existence éventuelle de charniers comprenant « de 60 à 80 corps » à Abidjan et confirmé la présence de combattants libériens « lourdement armés » dans la ville.

 

A la demande du Nigeria et des Etats-Unis, une session spéciale du Conseil des droits de l'homme de l'ONU s'est ouverte ce jeudi à Genève en vue d'examiner un projet de résolution dénonçant les « atrocités » commises dans ce pays et appelant au « respect de la volonté du peuple ».

 

Une semaine après la répression sanglante par les forces pro-Gbagbo d'une marche avortée des partisans de Ouattara sur la télévision d'Etat RTI, pilier du régime en place, le gouvernement Ouattara a réclamé la venue d'une mission de la Cour pénale internationale (CPI). Dans un entretien au quotidien français Libération, son Premier ministre Guillaume Soro, chef de l'ex-rébellion des Force nouvelles (FN), dit souhaiter que « tous ceux qui sont impliqués d'une manière ou d'une autre » dans les violences du 16 décembre et celles qui ont suivi « soient transférés à La Haye ».

 

La veille, depuis l'hôtel d'Abidjan où le camp Ouattara est toujours retranché, Soro avait exhorté le monde à employer « la force » pour déloger Gbagbo. Le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, a estimé qu'il revenait aux pays africains de décider d'un recours à la force, ajoutant que « la France ne peut en aucune manière recommander le recours à la violence ».

 

Le président français Nicolas Sarkozy s'est entretenu avec le président nigérian Goodluck Jonathan, président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), à la veille d'un sommet extraordinaire sur la Côte d'Ivoire, vendredi à Abuja. Des discussions se sont d'ores et déjà ouvertes entre les Etats-Unis et des pays de la Cédéao sur un éventuel renforcement des effectifs de la mission
de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci, près de 9 000 hommes), appuyés par les 900 soldats français de l'opération Licorne.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui craint « une guerre civile » dans le pays, a opposé une fin de non-recevoir à la demande de M. Gbagbo d'un retrait de ces deux forces, accusées de soutenir M. Ouattara. Après des sanctions de l'Union européenne et des Etats-Unis contre lui et certains de ses proches, la pression internationale s'est renforcée sur le sortant, avec la reconnaissance par l'ONU de l'ambassadeur désigné par Ouattara, Youssouf Bamba, auprès de l'organisation internationale.

 

Mais Laurent Gbagbo, qui a réaffirmé qu'il était le « président de la République de Côte d'Ivoire », n'entend pas céder. « Nous sommes forts, nous résistons, nous sommes courageux », a-t-il lancé, évoquant une « lutte indispensable » pour libérer l'Afrique.

 

sur LaVoixduNord

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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 16:40

Julien Bayou, élu d'Europe Ecologie et également membre du collectif Jeudi noir, porte plainte contre Brice Hortefeux pour avoir dit qu'un jugement serait "disproportionné".

 

Il espère que d'autres associations se joindront à cette démarche afin de voir sanctionné un ministre déjà condamné deux fois, pour atteinte à la présomption d'innocence et injures à caractère racial. "C'est pour lancer le mouvement. L'idée, c'est de ne pas laisser passer ce qui est, non pas un dérapage, mais un délit", a déclaré M. Bayou.

 

Le parquet de Paris peut ouvrir une enquête, transmettre le dossier à la cour de justice de la République, puisque Brice Hortefeux a tenu ses propos dans l'exercice de ses fonctions ministérielles, ou classer sans suite. Dans le cas d'un classement sans suite, Julien Bayou entend contester la décision du parquet au regard des décisions de la Cour de justice européenne.

 

"DISCRÉDIT" JETÉ SUR UNE DÉCISION DE JUSTICE

 

Le 10 décembre, sept policiers ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) à des peines de six mois à un an de prison ferme pour avoir faussement accusé un automobiliste d'avoir renversé l'un d'eux. M. Hortefeux avait dit comprendre que ce jugement puisse apparaître "disproportionné" aux yeux des policiers, ce qui lui avait valu d'ête interpellé par le ministre de la justice, Michel Mercier.

 

Pour Julien Bayou, ces propos "jettent le discrédit sur la décision de justice du tribunal de Bobigny" et sont "de nature à exercer des pressions en vue d'influencer le jugement de la cour d'appel", qui doit rejuger les policiers.

 

Brice Hortefeux vient tout juste d'être condamné pour atteinte à la présomption d'innocence de David Sénat. L'ancien conseiller de Michèle Alliot-Marie à la chancellerie est soupçonné d'avoir livré des informations au Monde dans l'affaire Woerth-Bettencourt. Le ministre de l'intérieur, condamné à un euro de dommages et intérêts et 3 000 euros pour les dépens, a indiqué qu'il allait faire appel. Il avait déjà été condamné pour "injure raciale", le 4 juin, à 750 euros d'amende après avoir tenu en septembre 2009 des propos jugés "outrageants" envers les Maghrébins. Il avait également fait appel.

 

D'après Lemonde.fr

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18 décembre 2010 6 18 /12 /décembre /2010 16:25

Les académies de Lille, Nancy-Metz et La Martinique sont parmi les académies qui seront les plus concernées par les suppressions de postes dans l'Education à la rentrée 2011, selon le document ministériel de carte scolaire dont l'AFP a eu copie aujourd'hui. 16 000 postes seront supprimés en 2011 dans le cadre de la loi de Finances qui a été adoptée définitivement mercredi par le Parlement.

 

Dans l'enseignement public, seront supprimés 8 967 postes d'enseignants en primaire, dont 5 600 au titre d'une « résorption » d'un actuel « surnombre d'enseignants, 4 800 postes d'enseignants en collèges et lycées et 600 postes au sein des personnels administratifs.

 

Selon le document ministériel, en valeurs absolues, dans le primaire, les suppressions sont surtout dans les académies de Lille (336 postes en moins sur 20 938 emplois) et Nancy-Metz (298 en moins sur 12 243), mais le document précise qu'une baisse des effectifs écoliers est attendue dans ces deux académies.

 

Côté collèges et lycées, les suppressions de postes affecteront, en proportion, surtout la Martinique (- 3,9 % par rapport à 2010) et l'académie de Nancy-Metz (- 3,4 %), deux endroits où des baisses démographiques sont attendues, mais aussi, dans une moindre mesure, celles de Lille (- 1,8 %) et de Créteil (- 1,5 %), alors que là sont attendues des hausses du nombre d'élèves.

 

Un document relève par ailleurs que Lille et Nancy-Metz ont été, à la rentrée 2010, plutôt bien dotées en moyens d'enseignement (remplaçants compris).

 

Ces répartitions des évolutions d'emplois par académie seront ensuite transmises aux recteurs, à charge pour eux d'opérer la répartition par département, puis par établissement.

 

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 11:18

L'ambiance était survoltée ce mardi au début de la réunion du groupe UMP à l'Assemblée nationale, où plusieurs ex-ministres faisaient leur rentrée parlementaire. Parmis eux, deux Nordistes, Jean-Louis Borloo, ancien numéro deux du gouvernement et Marc-Philippe Daubresse, ancien ministre de la Jeunesse et des solidarités actives. Valérie Létard récupère elle son siège au Sénat.

 

 

Jean-Louis Borloo, entouré d'une nuée de journalistes et de caméras, semble à la fête. Il distribue les bises, tombe dans les bras de Christian Jacob, nouveau patron des députés UMP, lui tape chaleureusement dans le dos. Un député lui lance : « Bienvenue chez toi ! ».

Le député du Nord n'est pas en reste auprès des journalistes qui l'assaillent de questions sur ses intentions politiques : «  D'abord, dit-il, je vais avoir du temps pour réfléchir ! Je me suis beaucoup occupé des quartiers et de toute la planète mais là, j'ai besoin de réfléchir, de rêver avec mes copains (...) Comment va-t-on sortir le pays de son angoisse ? Il y a du boulot ! », dit-il en prenant place salle Colbert.

 

Jean-Louis Borloo siègera à l'Assemblée comme député apparenté UMP. « C'est ma façon de prendre mes distances avec élégance  », dit-il avant de répéter «  d'abord les idées, après l'organisation  ».

 

D'un point de vue pratique, M. Borloo a récupéré le bureau de Xavier Bertrand, un grand bureau d'angle, à côté de la Questure, très envié, dit-on, et convoité également par Hervé Novelli, autre nouvel entrant à l'Assemblée.

 

Premier arrivé, l'ancien secrétaire d'Etat au Commerce et aux PME affichait aussi sa bonne humeur et plaisantait sur sa «  rentrée des classes  » pour « un élève qui en a fait déjà beaucoup ! »

Un mois après le remaniement gouvernemental, neuf ex-ministres font leur retour à l'Assemblée: outre Jean-Louis Borloo (Nord) et Hervé Novelli (Indre-et-Loire), figurent aussi Hervé Morin (Eure), Eric Woerth (Oise), Patrick Devedjian (Hauts-de-Seine), Marc-Philippe Daubresse (Nord), Christian Estrosi (Alpes-Maritimes), Dominique Bussereau (Charente-Maritime) et Alain Marleix (Cantal).

 

Trois autres anciens ministres, Jean-Marie Bockel, Valérie Létard et Hubert Falco récupèrent, eux, leurs sièges au Sénat.

 

sur LavoixduNord

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 11:12

mardi 14.12.2010, 17:34

Le Smic va progresser à partir du 1er janvier de 1,6 % pour atteindre 9 euros bruts l'heure, soit 1 365 euros bruts par mois, conformément au strict minimum légal et sans « coup de pouce », a-t-on appris ce mardi auprès de participants à une réunion au ministère du Travail.

 

 

L'annonce officielle de la progression du salaire minimum légal qui concerne environ 2,3 millions de Français, soit environ un salarié sur dix, sera faite par le ministre du Travail, Xavier Bertrand, à l'issue de sa rencontre avec les syndicats et le patronat.

 

Depuis le 1er janvier 2010, le salaire minimum s'élève à 8,86 euros de l'heure, soit 1.343,77 euros bruts mensuels (ou 1.056 euros net environ) pour 35 heures hebdomadaires.

 

La hausse du Smic a aussi un impact pour les salariés payés au voisinage du salaire minimum (soit un salarié sur cinq, chiffre 2007).

 

2011 sera la cinquième année consécutive sans « coup de pouce  » du gouvernement, une option jamais utilisée depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République en 2007.

 

 

La Voix du Nord

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11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 11:09

 

Un congrès intéressant, et à propos d'un article publié sur le site de LaVoixduNord le 10/12/2010.

 

"La question est posée en page d'accueil du site Internet de l'Association française d'économie politique (AFEP). Et elle résume plutôt bien l'idée partagée par les 300 enseignants chercheurs réunis dans cette association qui organise son premier congrès, hier et aujourd'hui, à l'Institut d'études politiques de Lille.

Pluralisme

Ce qui a poussé ces chercheurs, tenants du pluralisme dans l'économie, à se regrouper, c'est la crainte d'une pensée économique unique, qui gouverne selon eux programmes, sujets de recherche et au-delà, la société. Selon les membres de l'AFEP, seuls certains travaux sont considérés comme « scientifiques ». Ils s'appuient sur des modèles mathématiques d'un type très particulier, « qui repose sur la rationalité des individus et le fonctionnement supposé parfait des marchés ». En outre, « l'histoire de la pensée ou des faits sont reléguées aux marges de la discipline. »

 

 Les membres de l'AFEP, eux, prônent le pluralisme des approches conceptuelles (keynésianisme, marxisme...), le pluralisme des points de vue et des disciplines avec le renforcement des liens avec les autres sciences sociales. Globalement, une recherche économique davantage ancrée dans la société.

 

La crainte de l'AFEP, c'est que, faute de moyens pour développer ces thèses, ce courant ne disparaisse complètement. Elle préconise donc la suppression de l'agrégation et la révision de l'évaluation de la recherche qui favorisent la reproduction du modèle dominant et la disparition des autres courants. Elle prône aussi la création d'une nouvelle section qui s'appellerait « Économie politique et sciences sociales ». Pour André Orléan, président de l'association. « L'esprit critique est d'autant plus important en économie que c'est une science qui a un effet sur la société . Il faut que chacun puisse avoir plusieurs sons de cloche pour se forger une opinion. »"

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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 17:53

sur le site LaVoixduNord

 

(...)

Et il fait souffler un vent mauvais sur l'économie d'un pays considéré comme la locomotive de l'Afrique de l'Ouest francophone, en raison des menaces de sanctions, de coupes claires dans l'aide internationale, ou d'un gel des investissements privés.

 

 Laurent Gbagbo, proclamé président de la Côte d'Ivoire comme son rival Alassane Ouattara, a donc présenté son gouvernement dirigé par le Premier ministre Gilbert Marie N'gbo Aké. Il compte une trentaine de ministres. L'un des faits les plus marquants est la nomination de Charles Blé Goudé comme ministre de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l'Emploi. Blé Goudé est le chef des « patriotes » pro-Gbagbo et a été le fer de lance de manifestations antifrançaises aux heures les plus chaudes de la crise née du coup d'État manqué de 2002.

Devant les journalistes, Laurent Gbagbo a comparé la situation en Côte d'Ivoire à la présidentielle contestée de 2000 aux États-Unis.

 

« Lorsque l'affaire est allée devant la Cour suprême et que celle-ci a déclaré (George W.) Bush vainqueur, je ne pense pas que les Nations unies aient fait une déclaration contre Bush. » Les Nations unies, justement, ont rappelé leur personnel non essentiel ; le FMI exclut de travailler avec un gouvernement non reconnu par l'ONU ; et l'UE a brandi la menace de « sanctions » avant de temporiser quelque peu hier. L'aide au développement programmée par l'UE sur plusieurs années s'élève à 254,7 millions d'euros.

 

Dans ce contexte, la position de la France sera regardée avec d'autant plus d'intérêt qu'elle entretient toujours des liens privilégiés avec son ancienne colonie. Elle en est le premier partenaire économique et le deuxième partenaire commercial, derrière le Nigeria. 

 

Quelque 600 entreprises françaises et 15 000 Français vivent en Côte d'Ivoire, pays qui possède d'importantes réserves pétrolières et totalise 40 % des exportations mondiales de cacao.

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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 17:15

Les gens du voyage portent bien leur nom, on les déplace obligatoirement.

 

sur LaVoixduNord

 

"Ce mercredi vers 15 h à Valenciennes, huissier et police ont supervisé l'évacuation d'une vingtaine de caravanes (soit une cinquantaine de personnes), qui occupaient illégalement un terrain communal au bord de l'Escaut.

 

 

Les pourparlers avec les forces de l'ordre auront duré deux heures, pour aboutir sans heurts à l'expulsion de la communauté, qui d'après nos informations, avait déjà repéré un autre terrain sur le territoire, pour y stationner de nouveau illégalement. Un événement qui intervient dans un contexte tendu, où l'ensemble des aires d'accueil affiche complet sur le secteur."

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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 16:48

 

Arrêt des poursuites judiciaires entre mère et fille, contre des amis et autres gestionnaires de fortune, l'argent ne fait pas le bonheur, mais il y aide beaucoup.

 

De la magnanimité dans la répartition de l'argent mais surtout un retour de pouvoir entre-soi, et le calme est de retour.

 

Le capitalisme se porte bien.

 

Les grands perdants dans toutes ces affaires seront sans doute le politique Woerth et son épouse.

 

C'est bien normal.

 

On attend des politiques qu'il jugulent les effets néfastes d'un capitalisme exacerbé et non pas qu'ils l'encouragent.

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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 16:04

sur LeMonde.fr

 

[Le pays] s'est réveillé au bord du gouffre, vendredi 3 décembre, avec deux présidents à sa tête : l'opposant Alassane Ouattara, déclaré vainqueur avec plus de 54 % des voix par la Commission électorale, et Laurent Gbagbo, le président sortant, reconduit à la tête du pays par le Conseil constitutionnel, qui le crédite de 51 % des voix. Samedi, le président sortant est allé au bout de son coup de force en prêtant serment comme président de la Côte d'Ivoire.

L'espoir a laissé place à l'inquiétude. Face à ce bras de fer juridique, les observateurs redoutent un troisième tour dans la rue et une nouvelle flambée de violences. Sous couvre-feu jusqu'à dimanche, le pays est en partie coupé du monde après la décision de l'armée de fermer les frontières.

  • Un scrutin historique

Sous le règne du père de l'indépendance, Félix Houphouët-Boigny (1959-1993), qui ne souffrait aucune opposition, puis ceux de Konan Bédié (1993-1999) et de Laurent Gbagbo (2000-2010), aucune élection réellement pluripartite n'avait pu se dérouler. Initialement prévue au terme du premier mandat de M. Gbagbo, en 2005, cette première élection pleinement démocratique a été reportée à six reprises en raison, notamment, d'un conflit ethnique entre le Nord et le Sud qui a plongé le pays dans une quasi guerre civile.

Ces reports, et les enjeux de ce scrutin, expliquent l'immense attente de la communauté internationale, qui a investi des sommes considérables pour permettre ces élections. Entre les quelque 9 000 uniformes de l'Onuci (les forces des Nations unies pour le maintien de la paix en Côte d'Ivoire), les 966 soldats français de l'opération Licorne, les médiations successives de la France, de l'Union africaine et du président burkinabé Blaise Campaoré, "cela fait près de dix ans que la communauté internationale est au chevet de la Côte d'Ivoire", explique Philippe Hugon, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et spécialiste de la Côte d'Ivoire. "Ce scrutin est sans doute l'un des plus chers de l'histoire", s'exclame-t-il.

  • L'"ivoirité"

Sous la présidence de Félix Houphouët-Boigny, le pays a connu une forte croissance économique et a encouragé une immigration massive, principalement venue du Burkina Faso. "On estime que 25 % de la population était d'origine non ivoirienne, près de 40 % à Abidjan, souligne Philippe Hugon. Puis la croissance a ralenti, et les 'étrangers' ont commencé à être montrés du doigt, comme souvent en cas de crise."

Le concept d'"ivoirité", fondé par Konan Bédié, était né. Le 8 décembre 1994, une révision du code électoral impose aux candidats à la présidence de prouver leur ascendance ivoirienne. Ce concept, qui sera repris à son compte par M. Gbagbo, a servi de prétexte pour écarter M. Ouattara, qui fut pourtant le premier ministre de Félix Houphouët-Boigny entre 1990 et 1993, lors des scrutins de 1995 et de 2000, en raison de ses origines burkinabées supposées.

  • Un pays coupé en deux

L'ivoirité, ce "poison politique", a engendré de fortes tensions entre le Nord, principalement musulman, et le Sud, à majorité catholique. En 2002, des soldats rebelles tentent un coup de force. La rébellion, bientôt baptisée les "Forces nouvelles", occupe progressivement la moitié nord du pays, et instaure une partition de la Côte d'Ivoire. Laurent Gbagbo, alors président, accuse Alassane Ouattara d'avoir fomenté cette rébellion. L'intervention de la France puis de l'Onuci permettront de maintenir le pays dans une situation de "ni guerre ni paix" jusqu'à aujourd'hui, selon les termes de Philippe Hugon.

Après l'échec des accords de Marcoussis en 2003, la guerre civile ne prend réellement fin qu'avec la signature des accords de paix de Ouagadougou en 2007, qui conduisent le président Gbagbo à nommer Guillaume Soro, un des leaders des rebelles, chef d'un gouvernement de transition. "Cette cohabitation a apaisé les relations Nord-Sud et ce scrutin n'est pas réductible au déterminant ethno-régionaliste, explique le chercheur. Alassane Ouattara a certes fait le plein de voix dans son fief du Nord, et Laurent Gbagbo dans le Sud, mais c'est principalement la volonté de la population de sortir de la crise économique qui a déterminé les votes."

Des représentants du chef de l'Etat au sein de la commission électorale ont néanmoins prétexté de votes "frauduleux" dans le Nord, tenu par l'ex-rébellion, pour empêcher physiquement l'annonce de résultats partiels, mardi (voir la vidéo). "Il y a eu des irrégularités, dans le Nord comme dans le Sud, mais elles ne suffisent pas à expliquer l'énorme écart de voix entre les deux candidats", souligne Philippe Hugon (la commission électorale donnait Ouattara vainqueur avec 54,1 % des voix contre 45,9 % au président sortant).

  • Gbagbo-Ouattara, une vieille inimitié

Alassane Dramane Ouattara (surnommé "ADO"), un économiste de 68 ans passé par le FMI, a été nommé premier ministre par Félix Houphouët-Boigny en 1990. Il est un "dioula", un homme du Nord, de confession musulmane. Sa réputation de gestionnaire, tendance libérale, lui vaut de nombreuses amitiés en Occident, parmi lesquelles Nicolas Sarkozy ou Dominique Strauss-Kahn.

A 65 ans, Laurent Gbagbo, lui, est un vieux militant socialiste, opposant historique à Félix Houphouët-Boigny. Populiste, pragmatique et fin politicien, il est surnommé "le boulanger" pour sa faculté à rouler ses adversaires dans la farine. Il clame vouloir réussir la "deuxième indépendance" de la Côte d'Ivoire en l'affranchissant de sa dépendance économique avec la France. C'est un "bété", catholique, mais il est fortement influencé par ses deux femmes, l'une évangéliste, l'autre musulmane.

Une ancienne aversion sépare les deux hommes. M. Gbagbo n'a jamais pardonné à M. Ouattara, alors chef du gouvernement de Félix Houphouët-Boigny, d'avoir avalisé son emprisonnement. Et il le considère toujours comme l'inspirateur et le financier de la rébellion nordiste qui, en septembre 2002, a failli lui coûter son fauteuil. Quant à ADO, il rêve d'effacer l'"injustice" que constitue à ses yeux son éviction passée de l'échiquier politique.

Soren Seelow

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  • : Le blog a été créé le 14/06/2007 en vue d'un programme social, économique et politique nettement égalitaire, démocratique et à gauche. Toute présentation sur internet différente de la nôtre -notamment avec de nombreuses publicités- n'est pas de notre responsabilité. L'article fondateur de la coordination suite au 6 mai 2007 est le premier inscrit en date sur ce blog. La rédaction d'un programme arrimé à des principes fondamentaux et écrite en quatre ans est intitulée "programme de A à Z". La lettre "i" nous a inspirés pour parler d'investissement. A la lettre "K" nous sommes keynésiens c'est-à-dire pour le maintien du pouvoir d'achat et d'une saine consommation. Ce qui fait fonctionner normalement le cercle économique. Pour le "N" nous tentons d'expliciter ce qu'est un "NON" avec un rappel des 55% de votants opposés à l'Europe de 2005. Le "P" définit le prix et "ce qui n'a pas de prix"... Monique Renouard Bretagne. Nous exprimons nos condoléances à toutes les victimes des attentats avec une grande tristesse en évitant d'exciter la haine et en appelant les gouvernants à ne pas se tromper de cible. 19 août 2017.
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