Ouest-France, mercredi 28 avril 2010, extrait
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« Sarko + Borloo = revenu zéro. » Quelque 10 000 agriculteurs (3 800 pour la police), en majorité des céréaliers, ont présenté spectaculairement cette redoutable addition, hier, à Paris. Destinataire prioritaire, Nicolas Sarkozy. Charge à son ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, de relayer auprès de ses collègues européens les deux préoccupations des agriculteurs de « grandes cultures » que sont le blé, le colza, le maïs, etc
Un : des revenus en forte baisse après de bonnes années, particulièrement en 2007, qui nécessitent, selon eux, des mesures immédiates ¯ baisses de charges, moins de paperasse, donc de contraintes, notamment environnementales ¯ et à plus long terme : régulation européenne pour échapper au yo-yo des prix mondiaux.
Deux : leurs craintes vis-à-vis de l'avenir de la Politique agricole commune (Pac), dont ils ont été les grands bénéficiaires jusqu'ici.
« Que l'Europe protège »
Message apparemment reçu par Bruno Le Maire : « Quand les prix s'effondrent, il faut que l'Union européenne protège. » Reste le plus difficile, convaincre les partenaires européens, surtout les plus libéraux, que la régulation agricole est encore nécessaire.
En attendant, les quatorze FRSEA à l'origine de la manifestation, organes régionaux du syndicat agricole majoritaire FNSEA, ont réussi leur rendez-vous. Quelque 1 500 tracteurs rutilants, colorés et puissants ¯ 1 546 exactement selon la police ¯ ont formé de longues chenilles, à 30 km/h de moyenne, aux portes de Paris, puis au sein même de la capitale.
La boucle de 7 km passant par la Bastille et République était trop petite. Les premiers tracteurs partis de la place de la Nation y étaient revenus avant que les derniers ne l'aient quittée. Visiblement ravis de parader devant les badauds impressionnés, les agriculteurs ont planté « leurs épis de la colère » dans une ambiance restée bon enfant. (...)