Sur Libération.fr
La manière forte. Trois dépôts de carburant, à Donges, au Mans et à La Rochelle, ont été débloqués dans la nuit par les forces de l’ordre, dans le calme, même si les accès à Donges ont été illico rebloqués.
Au lendemain d’une réunion de crise à l’Elysée autour de François Fillon et d’une poignée de ministres, précédée d’un point à Matignon avec les acteurs du secteur pétrolier, le gouvernement poursuit sa contre-offensive sur les raffineries bloquées. Objectif: «garantir l’ordre public» dixit Nicolas Sarkozy.
En conseil des ministres, ce matin, le président de la République a rappelé qu’il avait donné, la veille, des «instructions» pour le déblocage de «la totalité des dépôts» de carburants «afin de rétablir au plus tôt une situation normale». «Pour des millions de nos concitoyens, les transports constituent une question vitale. Il s’agit là d’une liberté fondamentale», pose Sarkozy.
Ce matin, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a lui aussi entonné ce message de fermeté, lors d’une conférence de presse convoquée tôt, place Beauvau, prévenant que les forces de l’ordre continueraient «à débloquer autant que nécessaire les dépôts» de carburants: «Quelles que soient les préoccupations et les revendications, l’immense majorité n’a pas à subir la loi d’une minorité.» La veille, le ministre du Travail, Eric Woerth, interviewé sur LCI, cautionnait ces déblocages de dépôts pétrolier, y voyant même un geste «extrêmement démocratique».
Porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a également voulu siffler la fin des blocages: «Manifester est une chose, bloquer en est une autre. Manifester oui, bloquer non. Le gouvernement ne laissera pas bloquer le pays», répète-t-il sur RTL. Tout comme Xavier Bertrand qui bombait le torse, ce matin sur France 2. Pas question, campe le secrétaire général de l’UMP, de retirer le projet: «c’est pas possible.»
Selon lui, les blocages de dépôts sont le fait de «certains grévistes, certains jusqu’au-boutistes» conscients que «ce n’est plus dans les transports qu’on peut provoquer aujourd’hui le blocage», service minimum oblige. «Le blocage total, la paralysie, la prise en otage des Français, ça n’est pas permis dans un pays comme le nôtre et nous ne laisserons pas la France bloquée», a averti Bertrand.
A Donges, les forces de l’ordre sont intervenues, peu après 4 heures du matin, pour déverrouiller le dépôt bloqué par un piquet de grève depuis le 13 octobre. Peu après, des grévistes ont rebloqué les voies d’accès, en immobilisant des camions-citernes sur les ronds-points d’accès. Selon la préfecture de Loire-Atlantique, des camions sont parvenus à entrer s’approvisionner par une route sécurisée par les forces de l’ordre alors que les autres accès restent bloqués par les grévistes. Quatre salariés de l’entreprise exploitant le dépôt, la Société Française Donges Metz (SFDM), ont été réquisitionnés pour assurer la sécurité de ces approvisionnements.
Les accès au dépôt pétrolier de La Pallice à La Rochelle, bloqués depuis jeudi, et ceux du Mans, bloqué depuis vendredi, ont été libérés, sans incident, par des gendarmes mobiles et policiers.
Les barrages filtrants installés, le matin, par plus de 250 manifestants à proximité du dépôt de carburants du port de commerce de Brest ont aussi été levés sans heurts peu avant midi par les forces de l’ordre.
En revanche, à Caen (Calvados), le dépôt, débloqué mardi en fin d’après-midi selon la CGT, a été de nouveau bloqué, ce mercredi vers 4 heures. Mais des opposants à la réforme des retraites bloquent, par ailleurs, le dépôt Total de Ouistreham, à 15 km de Caen sur le littoral, qui était resté libre lundi et mardi.
Les accès à la raffinerie Total de Grandpuits (Seine-et-Marne) étaient toujours bloqués, ce matin, par un barrage de grévistes.
Les manifestants qui bloquaient depuis mercredi matin, à l’appel de la CGT, l’entrée du dépôt pétrolier ODC (oléoducs de défense commune) de Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône) ont eux-mêmes levé leur blocage.
Côté stations-service, la situation est stable, à deux jours des vacances scolaires, avec toujours environ un tiers des 12.500 stations touchées par des ruptures totales ou partielles d’approvionnement, selon les professionnels interrogés par l’AFP. La principale fédération des transporteurs routiers français, la FNTR, a exclu, de son côté, un retour à la normale avant «48 à 72 heures» dans les stations-service.